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DE VIDE ET DE RIENS
21 août 2007

MORSURE DU TEMPS

J'ai la sensation de me réveiller d'un songe qui aurait duré plusieurs années. Comme si pendant tout ce temps, je n'avais pas bougé, comme si j'étais restée telle quelle, assise à même le sol, à attendre ce réveil.

  Au milieu d’une étendue, seule.
  Je ne vois rien.
  Nulle part.

Mon oeil s'habitue peu à peu à la lumière. Lumière crue, aiguille. Transperce ma peau, colle le tissus du tee-shirt à l'épiderme. Ma rétine brûle dans cet éclairage, obligée de fermer les yeux en rythme, sans qu'une seconde ne soit passée. Un courant traversant le long de mon corps, encore et encore. Sans que cela s'arrête, d'une manière continue, sans à coups. Droit, sans suivre mes courbes, se cognant contre la plante des pieds, pour venir se taper au fond du crâne. Jamais, non, jamais je pense que cela s'arrêtera. Je ne peux même pas me lever tellement cette cadence frôle l’évanouissement.
Ma peau se contracte à chaque nouvelle vague, j’arrive presque à ouvrir les yeux entièrement. Presque. Alors je devine. Je devine le sol, je devine une pièce. Mon souffle se cogne aux murs, reviens dans le creux de mes oreilles, pour se faufiler par mes narines, et reviens dans mes oreilles, et repart par mes narines. Un mouvement dur, froid, parfait, le murmure de cette vague, son écho. Je n’ai pas la force de parler. Les sons restent coincé dans ma gorge, sac à mots. Les bras le long du corps, la nervure des extrémités tendue. Je les repli. Comme la langue, comme mes mains, comme mes jambes. Trouver la force de me lever. Debout, face au mur, regarder autour de moi, marcher, sortir. Ouvrir les yeux, enfin. Tourner la tête, mouvement circulaire sans fin.

Seule.
Condamnée à rester là,
Sans rien.

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DE VIDE ET DE RIENS
  • Un peu, beaucoup, tout, ou rien. Peut être pas assez, ou beaucoup trop. Quelques bribes, quelques morceaux arrachés à la volée d'une pensée fragile. Éphémère, juste là, un instant, puis dissipée, quelque part, chez vous, chez moi ... ou nulle part.
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